L’insomnie me gagne.
26 janvier 2024Ultimes préparatifs.
14 février 2024Lorsqu’en 1994 j’ai fait le choix d’une vie errante, j’étais conscient de devoir parfois affronter quelques moments difficiles, certaines journées ardues, ainsi que diverses nuits inconfortables. Toutefois, l’expectative de connaitre une incommensurable liberté me paraissait être un mobile suffisant à un tel choix et surtout contrebalancer amplement les quelques désagréments inhérents à ce style de vie.
J’avais pourtant bigrement sous-estimé un élément qui justifie à lui seul d’opter pour cette existence. Il s’agit de la valeur que prennent certaines petites choses, devenues quasiment banales dans nos vies sédentaires. Je les appelle « mes petits bonheurs ».
Ainsi, après des jours sur de mauvaises pistes durant lesquels chaque véhicule croisé soulève un nuage de poussière qui recouvre mes vêtements et colle à ma peau, l’apparition soudaine d’une rivière et avec elle, la possibilité de se décrotter et se rafraichir, devient une réelle volupté.
Il en est de même, lorsque plusieurs journées froides et pluvieuses se succèdent. L’inconfort de l’humidité pénétrante met le moral à dure épreuve. Pourtant, cela ne fait qu’intensifier le ravissement procuré par la première douche chaude offerte par une âme bienveillante.
Nul doute que l’errance amplifie cet état de félicité. Je ressens un bonheur identique lorsque je plante ma tente devant un paysage exceptionnel.
J’ai parfois conscience de vivre un moment unique, comme ce jour, au Botswana, alors que je bois mon café matinal, deux éléphants surgissent à quelques mètres de ma tente. L’un d’entre eux m’observe calmement durant une bonne dizaine de minutes. Mon cœur s’accélère, des frissons m’habitent, j’en ai presque les larmes aux yeux.
Le voyage itinérant est constitué d’une véritable mosaïque d’émotions qu’il m’est impossible d’expérimenter ailleurs que sur la route.
Il me reste encore deux semaines pour le rendez-vous avec ma destinée « cyclonomade ». Deux semaines durant lesquelles je ne peux malheureusement pas répondre à toutes les invitations qui me sont amicalement lancées. J’espère me faire pardonner en tentant de retranscrire au mieux mes prochaines années d’itinérance, en essayant en quelque sorte de vous amener sur mon porte-bagage.