Aux abords de Païpa, une vaste étendue de terre semble criblée de plaies profondes, telle une immense meule d’emmental. En longeant la piste poussiéreuse, j’aperçois régulièrement des camions cahotants, leurs bennes noircies débordant de charbon.

Intrigué, je décide de suivre les traces laissées par leurs roues. Elles me mènent jusqu’à un étrange assemblage de structures en bois, bricolées à flanc de colline. À quelques mètres, des ouvertures béantes marquent l’entrée de galeries qui s’enfoncent dans les entrailles de la terre. Un homme attend là, silhouette immobile dans la lumière crue du jour, prêt à réceptionner le charbon extirpé par ses compagnons œuvrant dans l’obscurité.

Autour de moi, le sol est constellé de dizaines de puits, plus ou moins profonds, plus ou moins inquiétants. L’homme me confie que les accidents sont fréquents. La semaine précédente, l’un des siens a dû être amputé d’un bras. Ici, on travaille dur six jours sur sept et l’on est payé à la tâche. La plupart gagnent deux à trois fois le salaire minimum, mais chaque journée passée sous terre se paie au prix fort, dans la poussière, le danger, l’épuisement.

Certaines cavités semblent n’attendre qu’un faux pas pour engloutir ceux qui s’y risquent.