Je passe cinq jours au son des fanfares qui défilent dans les rues d’Uyuni à l’occasion du 196^ème anniversaire de la Bolivie (6 Août). Les drapeaux nationaux y sont fièrement exhibés. Pour l’évènement, le centre-ville est également le théâtre d’une foire colorée et débordante de vie. J’y prends mes repas aux côtés de boliviens venus des environs. Je ne vois aucun touriste dans les parages. Plusieurs agences de voyages ont d’ailleurs fait faillite et vendu leurs véhicules utilisés pour les tours dans la région. Les chiens sont aussi à la fête. Ils s’affairent à renifler d’un stand à l’autre en quête d’un os ou d’un reste de viande.

La fin des festivités sonne pour moi l’heure de la poursuite. Je file donc vers le Salar d’Uyuni que je retrouve avec enthousiasme. Je passe une journée entière à rouler dans cet univers salé, d’un blanc immaculé. Il y a 19 ans, j’y étais passé après la saison des pluies et le Salar était partiellement recouvert d’une fine pellicule d’eau qui le transformait en miroir et le rendait totalement magique.

En m’avançant dans cette immensité blanche, je crois distinguer au loin un stupa. Mais en m’approchant, je découvre finalement, non pas une structure architecturale bouddhiste, mais une nouvelle sculpture imposante en hommage au Dakar. A quelques pas de là se trouve un hôtel de sel et la place des drapeaux dont certains, dont le français, se sont volatilisés aidés en cela par de sévères bourrasques.

Au terme de plusieurs dizaines de kilomètres dans cette blancheur, je retrouve la bourgade poussiéreuse de Colchani, puis je me dirige vers le nord sur un ruban bitumé qui fait le bonheur de mon vélo.

Cette fois, j’ai bien dit « Adieu » au Salar d’Uyuni, tout en le remerciant d’avoir nourri nombre de mes rêves d’enfants, en partie responsables de ma vie cyclonomade. Même si l’émotion ne fut pas la même que lors de mon premier passage, le sentiment d’être minuscule devant un chef d’œuvre de dame nature est quant à lui resté bien intact.