Au fil des jours, je sens la froidure investir la Patagonie. Alors que je me dirige vers des pistes situées à quelques encablures de la frontière chilienne, le vent froid ne cesse de balayer cette contrée dont il parfait la réputation.

Soudain, mon frein arrière ne répond plus. Impossible pour moi d’amorcer les descentes, chargé de 90 kilos, sans la possibilité de stopper mon vélo. Un pickup s’arrête et m’amène dans un village à dix kilomètres de là. Je suis pessimiste sur mes chances de pouvoir réparer ici. Par chance, un homme me mène dans une maison où je rencontre Escobar qui va me tirer d’affaire grâce à quelques vieux vélos dont il dispose. Escobar dépanne pas mal de gens de la commune et aujourd’hui il me sauve.

Lorsque le lendemain matin je quitte le village, on me met en garde sur la récente alerte météo qui prévoit de très violentes chutes d’eau et de neiges sur les hauteurs. L’hiver approche à pas de géants semble-t-il. Les Gauchos avec leurs bêtes sont en pleine transhumance. Nombreux sont ceux que je croise descendant de la cordillère après plusieurs mois passés proches des cimes.

Sur la piste, le vent me sort régulièrement de ma trajectoire, m’obligeant de temps à autre à mettre pieds à terre et pousser sur quelques centaines de mètres.

Je me suis dorénavant équipé de ma tenue hivernale. Mon avancée et surtout mon itinéraire seront étroitement conditionnés par la météo du moment. J’adapterais donc au fil de la route…