Tenue hivernale.
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Dans la vallée des dinosaures.
7 mai 2022
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Je profite d’une journée d’accalmie pour faire un bond en avant. Après plusieurs jours de pluie intense, la piste boueuse et collante a déjà en partie séché avec les violentes rafales venteuses. Demeurent toutefois quelques portions encore délicates sur lesquelles je dois pousser le vélo.

Arrivé à El Huecu, la pluie revient avec force. La piste n’est plus qu’un bourbier sur lequel je ne peux plus avancer. Je me réfugie dans l’hosteria municipale d’où je contemple ensuite la neige faire son apparition. Des cantonniers m’informent de la fermeture de nombreuses pistes sur les hauteurs de la cordillère. Il est clair que dorénavant ma progression va être fortement perturbée.

Avec ma toile de tente usée qui n’est plus adaptée au mauvais temps et mon duvet dont une grande partie de son « plumage » s’est échappée au cours de ces dernières années, je ne suis pas dans une situation optimale.

Alors que pendant deux jours je reste bloqué à El Huecu, j’apprends que trois ou quatre Gauchos ont disparus pendant la tempête de ces derniers jours. L’un d’entre eux est sans doute tombé dans une rivière car son cheval a été retrouvé juste à côté. Pour les autres, c’est l’incertitude la plus totale car les bêtes qu’ils étaient censés ramener dans la vallée ont été retrouvées seules dans des zones enneigées. Telle est la douloureuse réalité de ce rude labeur. Les Gauchos sont fréquemment à la merci de conditions climatiques parfois extrêmes et brusquement changeantes.

Si je suis dans cette région que j’ai déjà eu la chance de traverser, c’est essentiellement pour me rendre à Neuquen, d’où je souhaite longer le Rio Negro jusqu’à son embouchure. En chemin, j’espérais faire un détour afin de savourer des bivouacs paradisiaques en pleine cordillère. Je pensais même faire un bond de quelques jours au Chili. Aujourd’hui, cela se complique sérieusement, tout du moins sur les hauteurs. D’ailleurs, dans le village de Las Lajas, de nombreux poids-lourds étaient bloqués car la route menant au Paso Pino Hachado demeurait fermée en raison de la neige.

Après ce premier épisode neigeux dans la zone, je suis descendu vers Zapala sous un beau soleil. Je viens à l’instant d’étaler mes cartes sur une table pour étudier différentes options. Vais-je reprendre de l’altitude ou bien me diriger vers le Rio Negro ? Je n’ai pas encore pris ma décision…peut-être après le prochain café…

Certes, n’ayant aucune obligation, je peux à tout moment modifier mon itinéraire. Cette liberté-là est le bien le plus précieux de ma vie cyclonomade. Où va-t-elle me mener dans les jours qui viennent ? On le saura bientôt.