A cache-cache avec la Police.
12 mars 2025
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28 mars 2025
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Ces derniers jours de route n’ont, je dois bien l’avouer, qu’un intérêt quelconque. Avant de quitter la ville d’Hail, je me sens fébrile avec les bronches chargées. Je me dis néanmoins que pédaler ne peut m’être que bénéfique et améliorera certainement mon état.

En cette période de ramadan, il est évident que mon alimentation est moins équilibrée qu’à toute autre période. Je ne m’hydrate pas suffisamment. En temps ordinaire, je multiplie les pause-café qui me permettent de rencontrer des gens et de reprendre des forces. Mon rythme se trouve donc actuellement perturbé.

Les véhicules ne s’arrêtent plus pour me proposer de l’eau et je traverse des villages aux portes closes, quasi-fantômes ; le voyage devient plus solitaire que jamais.

En conséquence, mon souci premier est de parvenir à me ravitailler, surtout en eau, afin de bivouaquer et m’alimenter discrètement et en toute autonomie.

Après Hail, j’atteins une zone aux formations rocheuses venant rompre avec la monotonie des jours précédents. Je déniche, pour mon plus grand bonheur, un emplacement paisible, entouré de rochers.

Une nouvelle fois l’axe de mon pédalier me pose un problème. Tant que je ne le change pas, je me trouverais confronté à ce souci. Mais dans cette zone désertique, trouver une boutique de cycles relève du rêve.

Les jours suivants, je retrouve un réflexe adopté à maintes reprises, lors de mes premiers mois de voyages en courant autour de l’Europe, il y a maintenant plus de 30 ans. Je dors en effet à plusieurs reprises sous des ponts. Je ne suis pas « Sous les ponts de Paris », chanson dont l’air raisonne dans ma tête :

« Sous les ponts de Paris, lorsque descend la nuit
Toutes sortes de gueux se faufilent en cachette
Et sont heureux de trouver une couchette
Hôtel du courant d’air, où l’on ne paie pas cher… »

…mais je suis sous les ponts d’Arabie. J’y bénéficie d’un double avantage : ma tente est à l’ombre et hors de vue des véhicules qui passent. Je peux dès lors cuisiner, lire et me reposer. Sur le sol, tout autour de moi, j’observe, amusé, de joyeux scarabées folichonnant sans relâche.

En journée, je trouve régulièrement une station-service abandonnée où m’assoir quelques instants, abrité du vent. Lorsque je passe dans une, encore en activité, j’en profite pour m’approvisionner auprès des vendeurs Afghans, ou Bangladais qui y travaillent.

Les Afghans, m’invitent systématiquement à visiter leur pays, qui, me disent-ils, est sécurisé à présent. Lorsque, face à leur optimisme, je relativise en abordant la dégradation de la condition des femmes, certains reconnaissent timidement que l’interdiction de leur scolarisation est un problème, « mais ça s’arrangera », me lancent-ils en guise de conclusion qui se veut optimiste. Mais y croient-ils vraiment ?

Lorsque je croise un Soudanais, je tente de glaner des informations sur la situation sécuritaire de leur pays, en proie actuellement à une guerre civile. Dans la perspective d’une éventuelle future traversée du Soudan, je suis à l’affût de tout renseignement. Jusqu’à présent, tous sont unanimes : « c’est trop dangereux, il ne faut pas y aller » !

J’avance donc par petits bonds en espérant que mes bronches se dégagent totalement. Dans la bourgade d’Asbtar je trouve une chambre dans une station-service, au prix tout à fait raisonnable. Je décide de rester deux  jours en espérant une amélioration rapide de mon état.

Je dors et je bois des jus de fruits pour combler une carence passagère en vitamines.

Mon vélo doit quant à lui attendre encore un peu dans l’espoir d’une réparation efficace. Cela ne saurait tarder !