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Peu avant la frontière bosniaque se trouve un lieu chargé d’histoire douloureuse, comme une sempiternelle piqûre de rappel face à la désespérante incapacité de l’Homme à tirer des leçons de son passé, pour simplement apaiser et embellir son univers afin d’y vivre en totale harmonie. Stara Gradiska en est malheureusement le triste exemple.

Le hameau, situé sur le bord de la rivière Sava possède pourtant des atouts indéniables pour mener une existence paisible. Cependant, à divers moments de son histoire, ce lieu à abrité le côté le plus obscur de l’être Humain.

En 1799, l’Empire Austro-hongrois y établit une forteresse qui servira longtemps de prison. Puis en 1941, pendant la seconde guerre mondiale, les « Oustachis », mouvement ultra-nationaliste croate, prirent le pouvoir avec l’appui des régimes allemand nazi, fasciste italien mais aussi d’une partie du clergé catholique.

Dès lors une dictature particulièrement meurtrière y fut instaurée. L’ancienne forteresse devint un camp de concentration et d’extermination pour femmes et enfants serbes (orthodoxes), juifs, Tziganes et communistes. Les hommes étaient dirigés vers le camp voisin de Jasenovac. Les détenus y sont tués de manière particulièrement féroce. Lorsque le 21 avril 1945 les troupes de Tito libèrent le camp, ils ne trouvent que 6 survivants caché dans un puit.

En 4 ans, 75000 personnes furent massacrées sur ce site de Stara Gradiska.  Au camp voisin de Jasenovac se sont environ 800000 personnes qui furent assassinées.

Les crimes contre l’humanité sont l’aspect le plus abject de l’espèce humaine. Cette capacité à tuer nos semblables pour leur race, leur religion ou leurs idées politiques, totalement ahurissante est malheureusement toujours d’actualité.

Stara Gradiska fut ensuite utilisé comme prison sous le régime Titiste. On ressent aujourd’hui, le profond embarras croate vis-à-vis de cette période, que l’on tente de dissimuler au lieu d’en tirer des leçons.

C’est malheureusement ainsi que par méconnaissance de l’histoire, les générations qui se succèdent répètent toujours les mêmes erreurs.

La violence est le dernier refuge de l’incompétence disait Isaac Asimov. Le monde serait-il aux mains d’une majorité d’incompétents ?

Après cette parenthèse historique, je franchis la frontière pour entrer en Bosnie-Herzégovine. Me voici donc dorénavant, hors de la communauté européenne. Je me trouve en République serbe, province autonome de Bosnie-Herzégovine à ne pas confondre avec la République de Serbie qui elle est totalement indépendante.

La situation, depuis la guerre de Bosnie est relativement complexe et semble quelque peu artificielle. Les cafés sont nombreux. Lorsque je m’y arrête pour une brève pause, on m’offre à plusieurs reprises mon expresso.

Après un passage à Banja Luka, je longe une voie paisible le long d’un cours d’eau. Comme en Croatie, les potagers sont soignés. A proximité des habitations une ou deux vaches laitières broutent tranquillement. J’échange quelques mots avec un motard allemand en direction de l’Albanie et d’un cycliste néerlandais qui va boucler ses cinq semaines de route à Zagreb, d’où il rentrera chez lui en bus pour reprendre son travail.

Ce matin, le ciel verse quelques larmes, sans doute effaré d’observer l’acharnement des Hommes à détériorer une planète pourtant si belle. Petites routes, zones rurales et itinérance sont pour moi des bouffées d’oxygènes quasi vitales.

Sur ce je vais prendre un bol d’air…