Le mutisme des routes.
3 avril 2021
L’espérance en lambeau.
14 avril 2021
Le mutisme des routes.
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L’espérance en lambeau.
14 avril 2021

Les journées se suivent et se ressemblent. Vagabonder au cœur d’un pays en quarantaine n’est vraiment pas le plus enrichissant des voyages en termes de contacts humains. Dès lors, mes pensées se dispersent, parfois interrompues par un détail. L’ombre d’un arbre m’apporte épisodiquement, un réconfort bienvenu dans cette zone aride.

Je reste souvent pantois face à la quantité de détritus qui jalonnent le bord des routes de cette région pourtant dépeuplée. La terre vomit le trop plein de déchets générés par l’Homme.

Ayant opté pour la vallée du Cogou, en direction de Monte-Patria, je crois soudain rêver en apercevant la rivière emplie d’eau. A la première possibilité, je bifurque en sa direction. Ce n’est que la mi-journée, mais je n’ai nulle intention de poursuivre. J’installe ma tente à l’ombre des arbres et me rafraichis aussitôt dans cette merveille inespérée.

En soirée, un véhicule s’arrête. Le chauffeur en descend, me salue et s’éloigne muni d’un sac plastique. A son retour, il m’offre quelques tiges de menthe délicieusement odorantes, qu’il vient de cueillir sur le bord de la rivière. Pablo va ensuite chercher deux tomates et une boite de thon qu’il m’offre pour mon repas.

Ce soir, je m’endors bercé par l’agréable murmure de l’eau. Au petit matin, à peine ai-je terminé mon petit déjeuner que revoilà Pablo, avec cette fois un sac emplis de provisions. Il m’offre un kilo d’abricots, du riz, de la farine, deux boites de thon, des sachets de thé, une boite de fruits au sirop, du pain, et dans un récipient encore chaud, des haricots cuisinés. Je suis très touché par tant de générosité et ne sais pas comment le remercier. Nous échangeons quelques mots puis Pablo part travailler alors que je tente avec difficulté de caser toutes ces provisions dans mes bagages déjà bien remplis.

Un berger passe avec son troupeau de chèvres au moment où je quitte mon bivouac. Il m’informe que la rivière va couler pendant seulement trois jours. En fait, les vannes d’un barrage viennent juste d’ouvrir pour permettre aux agriculteurs d’arroser leurs cultures.

On trouve beaucoup de vigne dans cette vallée. Les raisins sont essentiellement destinés à l’exportation. Beaucoup sèchent à même le sol. Alors que je prends une photo, un homme m’en offre quelques-uns pour agrémenter mes petits-déjeuners.

Je poursuis donc vers le nord d’un pays plongé dans une quarantaine assez démoralisante. Heureusement qu’au cœur de ce climat déprimant surgissent parfois quelques belles lueurs d’humanité.