L’irrésistible attraction d’une rivière.
9 avril 2021
Entre désert et océan.
19 avril 2021
L’irrésistible attraction d’une rivière.
9 avril 2021
Entre désert et océan.
19 avril 2021

Je quitte La Serena aussi discrètement que possible. Je m’arrête toutefois dans une station-service en sortie de ville afin d’y prendre un café, et avec l’espoir d’y échanger quelques mots. J’aperçois légèrement à l’écart, un jeune avec tout un barda à ses pieds. Je m’approche de lui et entame une conversation. Il est chilien, sans emploi et sans aucune ressource. Il mendiait aux feux rouges, mais, m’explique-t-il autour d’un café, avec la quarantaine il lui devient impossible de poursuivre ainsi. Du coup, il tente de se diriger vers la Bolivie puis au Brésil où il espère avoir plus de chance.

Quelques centaines de mètres plus loin, un autre jeune, sac à dos crasseux sur les épaules, marche seul en direction du nord. Ses guenilles témoignent de la rudesse de son existence. Il est vénézuélien. Arrivé il y a quelques mois au Chili, plein d’espoir, il tente aujourd’hui de quitter le pays, son sac à dos plombé par ses constantes désillusions. Désespéré et dans une grande précarité, il souhaite à présent se rendre en Bolivie. Sa déception est immense et j’ai le sentiment d’avoir face à moi un jeune « au bout du rouleau » … Nous partageons quelques fruits puis je continue ma route, fataliste et songeur sur la situation de profonde vulnérabilité de nombreux jeunes à l’avenir extrêmement sombre.

En fin de journée, je m’éloigne de la route pour planter ma tente au milieu de quelques arbustes aux épines menaçantes. Ma soirée est illuminée par la voute céleste et réchauffée par une petite flambée qui m’incite à la rêverie. Je songe dès lors à un monde plus équitable, débarrassé enfin d’une misère humaine bien trop omniprésente dans une société qui prétend se développer. Le covid n’est pas la cause de tous les maux.

A quelques encablures de Vallenar où je me trouve aujourd’hui, j’ai repéré deux villages proches de l’océan qui ne sont pas en quarantaine. Mes roues vont probablement m’y mener avant de rejoindre une ville pour recevoir la deuxième dose de mon vaccin.