Un peu de casse.
13 avril 2024A la vitesse des gastéropodes.
29 avril 2024C’est donc muni d’un nouveau dérailleur que je quitte Impéria pour retourner à Pieve Di Teco où j’avais dû interrompre mon trajet.
En option de la route principale, quelques petites voies montagneuses enchantent mon regard tout en aiguisant ma condition physique. J’ai l’impression que les kilos superflus accumulés ces derniers mois et déjà bien attaqués depuis ma reprise se dissolvent à chaque coup de pédale.
Comme à mon habitude j’adapte mon itinéraire à l’envie du moment, souvent déclenchée par l’attrait de ma carte routière que je consulte une énième fois. En l’occurrence, je me sens aujourd’hui attiré par le parcours d’un cours d’eau (Bormida) qui va grossir le Tanaro pour enfin se diluer dans le Pô, plus grand fleuve italien (652 km). Tel une goutte d’eau, je vais ainsi, pendant quelques jours, suivre le cours de la rivière. Dès lors, je me laisse entrainer dans une douce descente vers une région qui m’est encore inconnue.
Les nuits sous tente me sont bénéfiques. Le silence m’apaise et la proximité avec la nature me rassure. Mes lieux de bivouac sont d’une grande diversité. Un soir dans les bois, le lendemain sur le bord d’une rivière et le suivant abrité du vent et des regards par le mur d’un cimetière à l’entrée d’un bourg.
Je traverse des villages où résistent encore quelques cafés et épiceries à taille humaine. Des retraités s’y retrouvent afin de passer un moment agréable avec des amis. Ils lisent le journal, commentent l’actualité et consomment un café. Certes, de belles bâtisses sont fermées et paraissent plongées dans une lente décrépitude sous l’effet des intempéries et d’un abandon fatal. Dans le village de Castelnuovo Bormida, un vieux château a été racheté par un particulier qui n’y vient jamais et laisse ce bijou plonger dans l’oubli. J’aperçois de grands bâtiments, généralement d’anciennes fermes qui se meurent lentement. Les restaurer serait probablement trop coûteux ; pourtant leur charme et les possibilités qu’elles offrent sont indéniables.
Les bourgades défilent au son discret de mon pédalier. Le soleil brunit chaque jour un peu plus mon épiderme.
A l’entrée de Crémone je plante ma tente alors que la pluie amorce un timide retour. Au petit matin, je traverse la ville qui s’éveille. Un vide grenier anime le magnifique centre embellit par le soleil qui est à nouveau présent. Après quelques photos sur lesquelles lumières et ombres se disputent les façades des bâtiments, je retourne en zone rurale où la monotonie des paysages de cette fertile plaine du Pô, contraste avec la beauté des zones montagneuses traversées il y a quelques jours de cela.
Situé aujourd’hui à une cinquantaine de kilomètres de Vérone, j’écris ces quelques lignes, abrité, alors que de l’autre côté de la vitre, vent et pluie paraissent avoir vaincu le soleil.