Derniers tours de roues sur le sol français.
8 avril 2024
Au fil de l’eau.
22 avril 2024
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Je traverse furtivement des villes comme Nice, Monaco, Menton, tel un animal craintif traversant un territoire qui n’est pas le sien. Je ne me sens pas à ma place, avec mon vélo lourdement harnaché. Les voitures de luxe quant à elles, sont bien dans leur milieu. A Monaco, je ne peux réprimer une petite satisfaction lorsqu’à un feu rouge, je passe devant une Porsche suivie d’une Ferrari. Ce n’est pas tous les jours que je dépasse deux « sportives » de la sorte.

Soudain apparait le poste frontière Italien. J’immortalise le moment devant le panneau « Italie » alors qu’à quelques mètres des policiers français arrêtent plusieurs véhicules circulant en sens inverse.

Le soleil resplendit sur la région. En longent le torrent « Nervia », afin de m’éloigner du littoral, je gagne rapidement le splendide village de Dolceaqua dont le château dominant la bourgade m’accueille de sa façade ensoleillée. Pour l’instant l’aventure m’est plutôt douce.

Plus loin, à l’entrée de Pigna, une voiture s’arrête et un couple qui en descend, paraît m’attendre au bord de la route. A mon approche, ils me lancent : « Jacques » ? Ma surprise est d’autant plus grande que je ne les reconnais pas. Il est vrai que mon côté physionomiste est totalement atrophié. Puis rapidement, Nadine et Olivier me rappellent notre rencontre, il y a 22 ans de cela, en plein désert d’Atacama. Depuis 2002, ils m’ont suivi via internet et aujourd’hui, installés à Pigna, ils m’invitent à partager un repas avec eux. Les discussions pourraient s’éterniser mais nous résumons ces 22 années en quelques heures, véritable petit exploit !

Sur ce, je file affronter mes premières ascensions italiennes. Je pars vers Rezzo dans un cadre bucolique qui m’enchante. Tout va pour le mieux et mes jambes paraissent bien se réadapter aux montées. Je suis sous le charme d’une petite route sur laquelle je ne croise aucun véhicule. Aux abords d’Andagna, mon appareil photo frôle la surchauffe devant un panorama m’offrant le village au-devant de sommets enneigés.

Soudain, 1,5 kilomètres avant le sommet « di Téglia », une portion fraichement goudronnée va m’être fatale. Des gravillons se collent à ma chaîne qui vient se bloquer aux supports de galets. Ceux-ci s’y coincent et alors que je suis en plein effort, s’arrachent littéralement du dérailleur qui a dévié la patte de son axe.  Me voilà dans l’impossibilité de poursuivre. Je pousse mon vélo jusqu’au sommet et descends en roue libre jusqu’à Rezzo, où je ne trouve aucun remède. Je poursuis la descente jusqu’à Pieve di Teco où aucune solution ne semble se dessiner. Je décide finalement d’aller boire une bière afin de faire le point. Là, je fais part de ma problématique à la clientèle. Aussitôt, plusieurs personnes tentent de m’aider à sortir de cette impasse. Tous concordent sur le fait qu’il me faille descendre à Impéria, sur le bord de mer, pour trouver un réparateur. Après quelques appels infructueux, Dennis, mon sauveur du jour, se propose de m’amener lui-même en ville. Il connait une boutique de cycles avec un camping tout proche. J’imagine en effet qu’il me faudra attendre le début de semaine pour pouvoir réparer. A peine arrivé nous allons aux « Cicli Bosco » où Luca va s’avérer être mon deuxième sauveur du jour. Il m’assure faire tout son possible pour ne pas m’immobiliser longtemps et me parle de mardi ou mercredi. Mais dès le lendemain, samedi matin, mon vélo est réparé et prêt à reprendre la route. Des situations paraissant parfois compliquées s’avèrent finalement plus simples que prévu grâce à la bonne volonté de personnes généreuses. Aujourd’hui Dennis et Luca furent celles-ci.

Je profite donc d’Impéria pour écrire un peu avant de reprendre mon avancée dès lundi matin, avec cette fois un nouveau dérailleur.