Au cœur de la Turquie.
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Au moment de quitter le lac salé (Tuz Gölü), je remarque sur ma carte routière, la possibilité d’atteindre la Cappadoce en longeant sur quelques dizaines de kilomètres, le plus long fleuve turc : le Kizilirmak.

Pour y arriver je sillonne un paysage désespérément jaune et vallonné à perte de vue. Je trouve mon bonheur auprès de fontaines dont la fraicheur de l’eau me ragaillardit instantanément. C’est justement auprès de l’une d’entre elle qu’un soir, je suspends mon hamac entre deux peupliers. Un vieil homme intrigué s’approche et ne semble pas être convaincu de la possibilité de dormir ainsi. Quelques minutes plus tard, il revient pour m’offrir quelques concombres de son potager. Il parait toujours aussi sceptique sur ma capacité à dormir dans le hamac. Je lui fais donc une démonstration en m’y installant en quelques secondes, ce qui le fait bien rire. C’est finalement, totalement conquis par mon installation qu’il repart chez lui.

J’aperçois sur le bord de la route un campement d’où sortent des femmes en courant pour monter dans un mini-bus. Je m’approche et visiblement, le chauffeur ne semble vraiment pas ravi de me voir. En désignant ces femmes, il ne cesse de me répéter : « Turkish, Turkish… » ! Cela me pousse plutôt à croire le contraire. Plus loin, alors que je bois un thé dans une station-service, un homme me dit qu’il y a beaucoup de campements de gitans, mais aussi de réfugiés syriens qui vont travailler dans les champs.

J’atteins Gulsehir en fin de matinée. Je ne souhaite toutefois pas m’éloigner du fleuve pour la prochaine nuit. Je traîne donc dans les environs et déguste quelques thés en ville. Malheureusement, ici comme ailleurs, le bord du fleuve est véritable dépotoir. Cela restera une énigme pour moi. Comment ces gens si gentils, attentionnés et propres chez eux peuvent-ils être si négligés dès qu’ils en sortent ? Partout le plastique vole, bouteilles vides et canettes diverses jonchent le sol. Les paquets de cigarettes et mégots rajoutent leur touche à ce décor. C’est totalement désespérant !

Au terme d’une nuit adoucie par une légère brise, je vais visiter le site d’Açık Saray (Palais Ouvert), situé à 5 kilomètres de Gulsehir. L’endroit compte une quinzaine d’églises rupestres creusées dans ce paysage volcanique. Cet exceptionnel site byzantin s’est développé vers l’an 1000 après JC.

En route vers Nevsehir, je m’attarde sur le site de la vallée de çat. Très peu fréquenté car moins bien aménagé que les sites plus connus, l’endroit m’émerveille. Tout au long d’un canyon je découvre d’étonnantes habitations troglodytes flanquées sur l’ensemble des deux falaises. Je parviens à pénétrer à l’intérieur de quelques-unes pour admirer l’originalité du lieu. Les parois rocheuses sont un véritable gruyère labyrinthique.

Je poursuis ensuite vers Nevsehir puis Uchisar, village typique rendu célèbre par le « Kale », rocher visible de loin qui domine la Cappadoce. Environ 1500 ans avant JC, des abris y ont été creusés. Puis l’endroit servit de refuge aux premiers chrétiens ainsi qu’aux Byzantins. Sur une vingtaine d’étages d’anciennes habitations troglodytes sont reliés entre elles via un long réseau de galeries.

Mais je me trouve plongé ici dans le tourisme de masse. Les prix s’en ressentent. Je m’éloigne un peu en quête d’un endroit pour dormir. Je trouve mon bonheur à Ortahisar, dans un complexe hôtelier à l’abandon. J’accroche mon hamac à quelques pas de l’ancienne piscine de l’hôtel.

Le lendemain, je tourne par petits bonds à Urgüp, et Göreme, lieux également envahis par des hordes de voyageurs venus des quatre coins de la planète. Bus, taxis, quads…restaurants, boutiques souvenirs, hôtels…cela fait beaucoup de monde et de mouvement pour moi, même si la beauté minérale est au rendez-vous.

Je file vers çavusin, où un sympathique couple de français m’offre un thé le temps d’une bonne discussion. Je les quitte mais finalement c’est à la sortie du village que cette nuit j’accroche mon hamac.

Je suis réveillé par un son étrange au-dessus de ma tête. Il s’agit des lâcher de gaz de ballons qui survolent la Cappadoce. Il est 5h40 du matin et de mon hamac, je distingue ces boules colorées qui promènent des touristes sur cette zone merveilleuse. Bien qu’en hauteur, mon hamac ne m’offre malheureusement pas la même vue.

Après mes céréales matinales accompagnées de mon petit café, je me dirige vers Zelve. A quelques tours de roues de là j’effectue la visite de la splendide vallée de Pasabag, parsemée d’imposantes cheminées de fées. Je suis le premier sur le site et bénéficie de l’accompagnement de trois adorables toutous habitués des lieux.

Vient alors l’heure de la conclusion de mon parcours en Cappadoce. Cela se fera sur le site de Zelve où j’arrive avant le gros de la foule. Je termine ici en apothéose, tant le site est une merveille. Monastère, églises, habitations, cheminées de fées…Tout est réuni ici pour l’éblouissement des visiteurs. L’endroit a été habité jusqu’en 1952, date à laquelle, pour des raisons de sécurité, les habitants ont été déplacés dans les villages voisins. C’est vraiment mon coup de cœur. Avec le premier site de Gulsehir qui était une splendide introduction, Zelve conclu cette balade en Cappadoce de la plus belles des manières.

Je poursuis dorénavant mon itinéraire vers le sud-est, sachant que d’intenables chaleurs extrêmes vont probablement m’accompagner au cours des prochaines semaines.