D’éblouissantes formations rocheuses.
25 juillet 2024Une générosité spontanée.
14 août 2024Depuis mon passage en Cappadoce, j’ai franchi quelques paliers au niveau des températures. Je tente de repérer le moindre cours-d ’eau ou lac situés sur mon parcours afin d’y bivouaquer en ayant la possibilité de me rafraichir et m’assurer ainsi une bonne nuit réparatrice.
Lors d’arrêts dans des stations-services pour effectuer le plein de mes réserves d’eau, je croise quelques familles travaillant en France, venus visiter leurs parents à l’occasion de leurs congés annuels.
En direction de Malatya, le bord des routes est coloré par les abricots qui sèchent sur des bâches. Le soir j’accroche à plusieurs reprises mon hamac à deux abricotiers. Les premières fois, je pouvais encore bénéficier d’un dessert pas cher, mais les fois suivantes, les fruits avaient déjà été cueillis.
A Malatya se distinguent encore quelques traces du tremblement de terre qui a fait plus de 50000 victimes début 2023. De nombreux immeubles sont neufs. D’autres sont en cours de constructions et quelques-uns de consolidation. Au milieu trônent encore quelques tas de gravats. Des travaux pullulent dans le centre-ville que je ne fais que traverser pour finalement dormir proche d’une nouvelle station-service.
Lorsque, lors d’une pause les gens apprennent que je suis français, ils me disent rapidement qu’ils n’aiment pas Macron.
Je me dirige ensuite vers une zone plus montagneuse. Le 31 juillet, jour anniversaire de mes 30 ans de vie nomade, alors que la chaleur étouffante m’assomme allégrement, j’ai une première crevaison. Désireux d’effectuer la réparation à l’ombre, je pousse mon vélo jusqu’à une maison voisine. Le propriétaire m’accueille gentiment et alors que je commence le démontage de ma roue, l’homme sort des tabourets et une petite table. Puis il m’invite à boire le thé en compagnie de sa famille. Je suis une nouvelle fois profondément touché par cette gentillesse, cette générosité et de savoir vivre si naturel, dans un pays où l’accueil prime encore sur la peur et la méfiance. J’ai malheureusement du mal à imaginer la même scène en France.
Quelques centaines de mètres plus loin, j’ai une nouvelle crevaison. Je fulmine ! En réparant je constate que le problème ne vient pas du pneu, que j’avais vérifié, mais du fond de jante qui a bougé et ne remplit donc plus correctement son office de protection de la chambre à air.
Finalement, à quelques kilomètres de là, je franchis une petite rivière qui ce soir, fera mon bonheur pour bivouaquer. Mon menu d’anniversaire de voyage sera composé de concombres, tomates et oignons ; un véritable festin !
Le lendemain, les ascensions sont rendues plus ardues par quelques portions à plus forts pourcentages. La chaleur et le manque d’ombre semblent alourdir mon destrier. Je me réjouis lorsqu’un arbuste rachitique m’offre un semblant d’ombre. J’en profite pour bien me réhydrater et faire tomber un peu la température de mon corps.
C’est épuisé, mais ravi que j’atteins enfin le Nemrut Dagi, situé à 2150 mètres d’altitude. Lors de mon dernier passage en Turquie, la neige m’empêchait de gravir ce sommet sur lequel trône le tombeau d’Antiochos Ier (69 à 34 av. J.-C.), ainsi que des statues de nombreux dieux grecs et perses.
Le lendemain me réserve encore quelques harassantes ascensions. Fort heureusement je parviens à une retenue d’eau qui va faire mon bonheur. Je campe à l’arrière d’une gargote tenue par deux jeunes frères. Ils entretiennent un jardin d’où ils sortent les légumes qu’ils servent au menu. Malheureusement, je ne vois personne s’arrêter. Après être allé me baigner dans le lac, je reviens m’installer à leur table et ainsi contribuer très modestement à la survie de ce petit commerce aux gérants très sympathiques et volontaires.
Puis me voilà à Siverek, où l’on me parle beaucoup de la situation tendue qui règne dans les pays voisins. Je glane quelques informations concernant l’Irak et l’Iran où les citoyens français sont invités à quitter la zone. En soirée à Siverek, je suis attiré par du bruit dans la rue. Je descends et me trouve face à une foule de manifestants contre Israël et en soutien au Peuple palestiniens.
Recevant plus de gestes attentionnés que de réactions hostiles, je vais donc poursuivre ma route vers l’Irak puis l’Iran.