Calendrier « Cyclonomade » 2025.
4 décembre 2024Retour en Turquie.
11 décembre 2024En Arménie, l’occasion m’a été maintes fois donnée de rencontrer des personnes fuyant la guerre. Ainsi plusieurs jeunes russes ne voulant pas être recrutés pour faire la guerre contre l’Ukraine ou également quelques libanais ayant fui les bombardements israéliens. Que de vies détruites ! Que de misère ! Que d’insécurité ! Que d’aveuglement et que d’hypocrisie de la part de nombreux dirigeants !
L’argent et la soif de Pouvoir semble mener l’Humanité vers son anéantissement. Il est évident qu’au fil du temps, l’Homme ne devient pas plus sage ni plus intelligent.
A quand une réelle prise de conscience ? Je crains malheureusement qu’il ne soit déjà trop tard !
Le soleil brille au matin de mon départ d’Erevan. Le froid est sec et le vent absent, ce qui rend mon parcours agréable. Je passe devant la centrale nucléaire de Metsamor, construite du temps de l’Union soviétique sur une zone hautement sismique. Elle est considérée comme l’une des centrales nucléaires les plus dangereuses du monde. La fumée de deux tours s’élève au-devant de sommets enneigés.
J’effectue une pause casse-croute contre un mur ensoleillé des plus accueillant. Il ne fait que deux degrés, mais le soleil agrémente bigrement cette halte.
Le lendemain, alors que débute ma journée et que je me délecte d’un café chaud, surgissent deux policiers qui m’intiment l’ordre de leur dévoiler le contenu de mes bagages. Lorsqu’ils aperçoivent un spray de dégrippant, ils s’excitent grandement. Ils pensaient avoir mis la main sur une bombe de peinture ayant servi à taguer un train. Visiblement les agents me soupçonnent d’être l’auteur du méfait. Puis devant l’absence de peinture ils examinent mes photos avec l’espoir d’en trouver sur lesquelles figureraient les fameux tags. Mais après vérification, ils doivent se rendre à l’évidence qu’ils font fausse route. Ils me libèrent enfin et je poursuis donc ma route vers Gyumri. C’est alors qu’une Mercédès noire s’immobilise devant moi. Trois hommes en civil descendent et s’empressent de me demander mon passeport. Ils se présentent comme des agents de la police des frontières. A vrai dire, ils ressemblent plus à des mafieux qu’à de réels policiers. Je leur demande dans un premier temps de me prouver leurs dires en me présentant leurs papiers. Le chef cherche sur son téléphone mais ne sentant aucune animosité, j’abrège sa quête en lui présentant mon passeport. Il vérifie le cachet d’entrée sur le territoire arménien puis m’informe de ne pas aller sur le côté gauche de la route car il s’agit de la zone frontalière avec la Turquie voisine. Ils repartent et je poursuis ma journée qui débute de manière plutôt animée.
En fin d’après-midi, je m’éloigne de la route pour bivouaquer un peu à l’écart, dissimulé par un monticule de terre et de roches. Alors que je m’apprête à manger, une petite meute de gros chiens apparait. Certains aboient mais ne semblent pas agressifs. Arrive ensuite le berger, propriétaire des chiens. Nous échangeons quelques bribes de conversation, puis l’homme, suivi de ses chiens, va retrouver son troupeau d’ovins.
La nuit est fraiche. Il a fait -9° sous ma tente. Peu après mon départ, je m’arrête dans un petit commerce où le propriétaire m’offre un café chaud bienvenu. J’atteins ensuite Gyumri où je passe deux jours au chaud. La ville est agréable et a changé depuis mon précédent passage. Sur les hauteurs, je visite la « forteresse noire » qui a été restaurée et transformée en remarquable salle de spectacle. Un bel exemple du lien que l’on peut faire entre passé et présent.
Dans les rues, des gens, chaudement emmitouflés, vendent des fruits, des légumes, des poissons. Comme partout en Arménie, les machines à café sont en nombre. J’avoue, sans nier le côté pratique, que je déteste ces machines. Je préfère mille fois m’attabler dans une gargote et savourer mon petit noir installé à une table ayant la possibilité d’échanger quelques paroles avec le personnel. Plus on s’évertue à automatiser, plus on favorise le virtuel en lieu et place de l’humain. Je préfère par exemple, attendre à une caisse de supermarché plutôt que de passer aux caisses automatiques. Sachant que les quelques minutes passées à attendre mon tour, ne bouleverseront nullement mon existence.
Puis l’heure de quitter Gyumri arrive. Je trouve rapidement de la neige. La route est dégagée sauf lorsque j’emprunte des portions de routes secondaires qui elles sont glissantes et enneigées. Je m’arrête avant la frontière et mon dernier bivouac arménien m’offre la « climatisation » de ma tente réglée à -13°. Si dans mon duvet et sous mes couvertures, je n’ai pas froid, démonter ma tente au petit matin s’avère une tache un peu douloureuse pour mes doigts de mains.
Afin de ne pas chuter, je fais très attention aux plaques verglacées qui subsistent. Le passage de frontière est rapide et sans contrôle de mes bagages. Sans doute les agents ont-ils pitié de moi.
Me voici donc en Géorgie. Un manteau blanc habille élégamment le paysage. Les lacs et les rivières sont en grande partie recouverts d’une couche de glace. Je roule jusqu’à Ninotsminda où la police m’informe que de nombreuses routes sont fermées à cette saison.
L’heure est venue de bien analyser la situation afin d’opter pour l’itinéraire le plus approprié aux conditions actuelles. Sachant que les frontières de la Russie et de l’Azerbaïdjan me sont fermées, étant donné que de nombreux endroits de Géorgie me sont inaccessibles à cette époque de l’année, après avoir, il y a quelques mois, effectué un ZIG en Iran, l’heure du ZAG est peut-être venue. Une nouvelle bifurcation s’annonce donc et au terme d’une dernière soirée de réflexion je devrais donc y voir plus clair.