Retour en Turquie.
11 décembre 2024
Univers blanc.
19 décembre 2024
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19 décembre 2024

Je n’aurais finalement passé que très peu de temps en Géorgie, pays qui mérite pourtant d’être sillonné dans ses régions les plus reculées qui ne manquent pas d’attraits. Malheureusement, la saison n’est pas favorable à la flânerie. De nombreuses routes sont enneigées et verglacées ne rendant pas le trajet à vélo très agréable ou même carrément impossible.

J’opte donc pour un nouveau passage en Turquie avant de retourner en Iran pour poursuivre plus au sud et adapter mon avancée en fonction des opportunités qui s’ouvriront à moi. La route me menant vers la frontière est praticable. Quelques poids-lourds l’empruntent. Au fil de la montée, la blancheur immaculée du paysage devient de plus en plus saisissante.

Le jour de mon retour en Turquie, je progresse dans une atmosphère énigmatique. Le paysage s’est voilé d’une brume épaisse qui semble irréelle.  Je m’enfonce dans un monde mystérieux dont le silence n’est brisé que par quelques aboiements timides de chiens effarouchés. J’ai du mal à me réchauffer les mains.

Lorsqu’enfin un rayon de soleil parvient à percer, je me sens euphorique et émerveillé par la beauté et la pureté de ce qui m’entoure. J’ai froid, mais pendant un moment, je parviens presque à l’oublier.

Les postes frontières se franchissent aisément. Sans doute les douaniers ne veulent-ils pas m’imposer une longue et froide attente. Ils se demandent bien ce que je fais là à cette saison ; moi aussi d’ailleurs.

Dès mon passage dans le premier village, je constate que les magasins sont plus fournis et offrent une plus grande variété de produits. Je trouve déjà plus facilement un lieu pour me réchauffer en buvant un café, rien avoir avec les distributeurs qui occupaient les rues géorgiennes.

Pourtant, dès le lendemain, le vent glacial qui vient de face me manifeste une évidente hostilité. Je ne parviens pas à réchauffer mes mains. Je contourne le lac çildir dont les vagues brisent la glace qui se formait sur ses berges. Je ne croise que quelques poids-lourds et de très rares véhicules qui ralentissent systématiquement afin de m’examiner d’un air médusé.

J’égraine les kilomètres tel un automate. Je m’efforce à m’évader en pensées de cette froidure que visiblement je supporte moins qu’il y a quelques années.

Lorsque transi j’arrive à Kars, je me réfugie immédiatement au premier restaurant en vue afin d’y boire un thé et me réchauffer près du poêle à bois qui trône au milieu de la petite salle. Après avoir savouré avec lenteur un deuxième thé, je file en ville, de concert avec la neige qui fait son apparition. Je me réfugie dans une petite chambre d’hôtel, bien chaude d’où je n’ai plus envie de bouger. Je reste deux jours sur place car les rues sont totalement verglacées et les températures ressenties sont de -19° au petit matin.

En ville, les gens déambulent prudemment pour ne pas chuter. Leurs déplacements se limitent au strict nécessaire. On va au travail ou faire ses provisions puis on se réfugie au chaud.

La ville de Kars, dominée par son vieux château, parait vouloir m’immobiliser ici pour quelques temps. Il vaut pourtant mieux que je parvienne à m’extirper rapidement du piège dans lequel j’ai échoué sous peine d’y rester longuement coincé. 

Les semaines à venir devraient être encore bien rigoureuses. Je regrette surtout de devoir à présent me cantonner aux routes principales, seules à m’être vraiment accessibles.