Ruta 40, entre douleur et émerveillement.
14 février 2022Une flute dans la brume.
1 mars 2022Après Susques, j’ai poursuivi mon avancée sur la route 40 en direction de San Antonio de los Cobres. Certes, moins spectaculaire, cette portion me réservait tout de même quelques beaux passages. L’épaisseur de la couche de sable m’obligeait parfois à pousser mon vélo sous les regards intrigués de lamas flegmatiques. Les rares hameaux traversés semblaient plongés dans une irrémissible torpeur.
La descente vers le Viaduc de Polvorilla redonnait soudain des formes et des couleurs à mon horizon immédiat. Plus bas j’effleurais les vestiges de l’ancienne mine « concordia ». Cette mine d’argent fonctionna jusqu’à ce qu’une explosion ne tue plusieurs personnes, enterrées dans le petit cimetière voisin. Près de 90 ans plus tard, celle-ci fut réouverte. Mais l’inondation de ses galeries mit finalement un terme définitif à son exploitation.
A San Antonio de Los Cobres la pluie fait son apparition. Le lendemain, alors que je m’élance vers l’Abra del Acay, point culminant de cette « ruta 40 », la police m’informe que la piste est coupée pour tous les véhicules et que suite à la forte pluie de cette nuit, je me retrouverais fatalement bloqué.
Je décide donc de redescendre à Salta où je vais en profiter pour prolonger mon séjour auprès du service d’immigration. Par la même occasion, je vais changer l’ensemble plateaux, pignons et chaîne qui marquent de sérieux signes d’usure. Ce sera également l’occasion de revoir une dernière fois Gilles avant son prochain retour en France.
J’emprunte dès lors une descente de quasi 160 kilomètres qui m’offre un changement de paysage considérable. D’un monde essentiellement minéral, je trouve successivement des milliers de cactus, puis une végétation verdoyante que j’avais presque oubliée. Cependant, la pluie et le vent sont venus perturber certaines parties de cette descente, au point de m’obliger à pédaler dans les portions les moins inclinées.
Si sur les hauteurs j’étais devenu la curiosité des lamas, plus bas, j’ai eu la félicité de croiser le regard d’un renard dilettante.