Surchauffe générale.
25 août 2024
Grandeur d’âme iranienne.
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J’égrène les jours de mon arrêt à Erbil littéralement assommé par un soleil impitoyable.  Le périmètre de mes déambulations se voit par conséquence relativement restreint. Il se limite au bazar situé aux abords de la citadelle.

Je quitte la capitale kurde sur une route relativement large. Mais au fil des kilomètres, celle-ci rétrécit. Cela me contraint à multiplier les visites du bas-côté de la route en raison de la forte densité de circulation et du peu d’intérêt que suscite un cycliste.

Mon énergie semble avoir fondu sous l’effet de la chaleur. La reprise est éprouvante. J’ai du mal à enchainer les quelques ascensions d’autant que mes visites du bas-côté caillouteux ne facilitent guère ma progression.

Je suis épuisé, j’ai envie de dormir et de vomir. Je n’avance que par petits bonds. Alors que je bois à l’ombre d’un bâtiment, un homme m’invite à l’intérieur où il m’offre un kébab accompagné de plusieurs boissons fraiches. Cette pause s’avère salvatrice car dans l’après-midi, malgré la hausse des températures, mes coups de pédales sont plus aisés.

A un check-point qui précède mon arrivée à Koya, des militaires m’offrent de l’eau glacée.

En prenant un peu d’altitude, les températures deviennent plus supportables (38°).

A l’entrée de Souleimaniye je m’arrête manger à une gargote. Au moment de repartir, je constate, dépité, que mes deux pneus sont crevés. Deux crevaisons simultanées en raison de limailles sans doute récupérées lors de mes fréquentes sorties de routes forcées.

J’effectue les réparations sous les regards amusés des clients qui se restaurent aux tables voisines. Plusieurs personnes m’offrent gentiment leur aide mais j’ai tout ce qu’il me faut…même l’ombre.

Le bazar devient cici également, mon lieu de prédilection. On m’y offre de nombreux thés et les heures défilent sans que je n’en prenne conscience.

J’installe un VPN sur mon téléphone car en Iran l’accès à Facebook ou Instagram est bloqué.

Je dois également m’organiser car l’utilisation des cartes bancaires internationales y est impossible. Une nouvelle fois, ma sœur vient à mon secours en m’avançant de l’argent que je peux emporter avec moi afin de ne pas être démuni et bloqué dans le pays.

Ces préparatifs effectués, je file vers la frontière. Je passe ma dernière nuit irakienne dans mon hamac sur le bord d’un petit cours d’eau totalement pollué par la masse des détritus…image bien triste dans ce lieu qui pourrait être si agréable. A quelques mètres, des hommes lavent leur récolte maraichère, d’autres, leurs cages à poules. Plus loin, une famille lave leur voiture. Une chose est claire : ce soir je ne me baigne pas dans cette eau !

Puis l’heure de quitter le pays arrive. A Penjwen j’échange mes ultimes Dinars irakiens contre des Rials iraniens et peu de temps après j’atteins le poste frontière.

Une longue file de gens me précède pour obtenir le cachet de sortie. Une heure plus tard, mon passeport tamponné je me dirige vers le poste iranien. Je suis aussitôt pris à part par un gradé qui me pose quelques questions. Je dois également troquer mon bermuda pour un pantalon.

Je file ensuite dans un autre bâtiment où l’agent entre dans un bureau muni de mon passeport. Une demi-heure plus tard on me fait entrer et assoir entre deux hommes en civil qui débutent un interrogatoire sur les motifs de ma visite en Iran. On m’interroge sur les pays que j’ai visité…Je les questionne également afin d’éclaircir certains points sur ma traversée du pays. Je me sens néanmoins totalement à l’aise et confiant sur l’issue de l’entretien. Je m’aperçois qu’ils avaient noté une liste de questions sur un cahier. Puis en guise de conclusion, celui que j’imagine être le supérieur me lance : « Aucun problème, entrée acceptée, bienvenue en Iran ». Son collègue quant à lui me surprend en me disant : « vous dégagez une belle énergie ».

C’est donc sur ces belles paroles que je me dirige vers le scanner afin d’y passer l’ensemble de mes bagages.

Me voilà enfin en Iran !

Je remarque rapidement qu’il y a ici de très nombreuses 405 Peugeot en circulation. Au Kurdistan turc c’étaient des Renault 12.

Je me restaure au bord d’un lac puis j’atteins Marivan où je me procure une nouvelle carte SIM et effectue le change d’une centaine de dollars ce qui me transforme en millionnaire puisque cela donne 58 millions de Rials. Mais ici on ne parle qu’en Tomans, ce qui fait dix fois moins que la valeur réelle mentionnée sur les billets. Bref, un mécanisme qui au bout de quelques jours sera banal.

Pour l’instant, mes premiers pas iraniens laissent entrevoir de belles perspectives.