Soudainement, millionnaire.
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Ravissement sans cesse renouvelé.
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Mes premiers tours de roues sur le sol iranien s’effectuent tous mes sens à l’affût. L’entrée dans un nouveau pays est toujours source de grande curiosité. Si l’on en croit les médias et les autorités françaises, l’Iran est absolument à éviter. Pourtant, je ne mets pas longtemps à constater que tout y est extrêmement paisible.

Lors d’une pause fraîcheur, je suis invité par trois hommes à partager un thé en leur compagnie. Juste à côté, un couple, la quarantaine passée, discute main dans la main, tel un couple d’amoureux comme on peut en observer dans différents coins de la planète. La femme, les cheveux à l’air, possède juste un foulard coloré sur ses épaules.

Alors que je parle anglais avec l’un des trois hommes, deux jeunes filles s’approchent et m’interrogent sur mon voyage dans un anglais impeccable. Elles non plus ne portent pas de foulard. Cela ne semble pas poser de problème aux hommes présents sur place. Ne voulant pas paraitre incorrect, mettre mal à l’aise mes interlocutrices ou leur occasionner des soucis, je ne fais pas de photos.

La route qui me mène à Sanandaj monte pas mal. Je passe une nuit paisible dans un verger où j’accroche mon hamac.

Le lendemain, à la recherche d’un peu d’ombre, je m’approche d’un petit cours d’eau. Je constate qu’il est extrêmement poissonneux. M’apercevant, plusieurs tortues d’eau s’enfuient aussitôt. Elles pensent se dissimuler, mais vu la clarté de l’eau et le peu de profondeur, je parviens à les voir, même dans leur refuge.

Au premier rond-point à l’entrée de Sanandaj, j’achète quelques pêches et poires à un vendeur ambulant. Je les dévore immédiatement. Sans doute avais-je besoin de vitamines.

Puis je descends vers le centre-ville où se situe le grand bazar. Je décide de rester un jour sur place. A la tombée de la nuit les rues s’animent considérablement. De nombreux marchands ont installé leurs étals et un véritable flot humain ruisselle le long des ruelles. On se croirait dans le métro parisien en pleine heure de pointe, avec cependant une ambiance nettement plus joyeuse et moins pressée. La plupart des femmes portent des foulards plus ou moins colorés. Les plus jeunes vont souvent chevelure à l’air ou avec un foulard posé négligemment sur la tête, ne demandant qu’à glisser sur les épaules. Pour l’instant, je n’ai pas encore vu de femme avec un voile intégral.

L’ambiance est bon enfant. Les jus de fruits, les glaces, les pâtisseries sucrées ont un franc succès. Je me sens quant à moi totalement rassuré quant à l’atmosphère que je trouve dans ce pays, surtout avec l’image que l’on peut en avoir en occident. Certes, je ne fais que débuter ma traversée et je me trouve toujours en zone kurde, mais je suis déjà pleinement heureux de baigner dans cet environnement à la fois paisible et plein de vie.

La veille au soir de mon départ de Sanandaj, je vais acheter quelques fruits secs dans une boutique. Le commerçant sert une mère et sa fille qui commence à échanger avec moi via quelques mots d’anglais et le traducteur de son téléphone. Puis elle demande à prendre un selfie et pour l’occasion remet son voile sur les cheveux, qu’elle n’avait pas depuis le début de notre conversation. Sa maman vient ensuite vers moi et m’offre une poche de fruits secs qu’elle vient d’acheter à mon intention.

Je ne fais que débuter ce parcours iranien mais je suis d’ores et déjà épaté par tant de bienveillance à mon égard. Ici on m’offre un thé, là, à manger, plus loin une bouteille d’eau…

Hier encore, arrivant dans un petit village, j’aperçois une remorque attelée à un tracteur, chargée de melons. Alors que je m’arrête pour en acheter un, je n’ai pas le temps de stabiliser mon vélo sur sa béquille que déjà le jeune homme arrive pour m’en offrir un. Originaire du Gers et donc habitué à manger d’excellents melons de Lectoure, je dois avouer que celui-ci me satisfait totalement. Voilà qu’une fois installé à l’ombre, savourant le fruit sucré à souhait, le vendeur revient avec une pastèque. Impossible de lui payer quoique ce soit. Deux autres hommes s’installent à mes côtés pour déguster un melon qu’ils viennent d’acheter. Au moment de repartir, le producteur veut absolument que j’en amène avec moi. Il insiste jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il n’y a plus de place dans mes bagages. Une poignée de main chaleureuse et je retrouve la route.

En atteignant Hamedan, je tourne pas mal dans la ville avant de trouver un endroit où séjourner. J’adore aller vers le Bazar, endroit qui devient plein de vie, une fois la nuit tombée.  Je tourne autour du Square Imam Khomeini où je constate que dans cette ville il y a davantage de femmes vêtues de noir. Est-ce parce-que j’ai quitté la région du Kurdistan iranien ? La suite du parcours me le dira.

A présent je suis face à un choix de d’itinéraire. Soit, je poursuis vers l’Est et donc vers le Pakistan, sachant qu’il me faudra voyager sur une partie du territoire le vélo chargé dans des véhicules d’escortes. C’est ma seule possibilité d’atteindre l’Inde, tout du moins par voie terrestre. Soit après Ispahan, je monte au nord de l’Iran pour aller vers l’Arménie puis la Géorgie. La perspective de l’escorte ne me réjouit guère, mais l’envie d’atteindre l’Inde est considérable.

La décision n’est pas encore prise et pour l’instant je vais donc continuer à me délecter de l’accueil iranien.