Le Lesotho, ce minuscule royaume perché dans les nuages, enclavé au cœur de l’Afrique du Sud, m’accueille avec une rudesse saisissante : un vent glacial balaie les hauteurs à plus de 1400 mètres d’altitude. Aux portes de l’hiver, les vastes étendues de pâturages semblent prises dans un souffle sans fin, un souffle qui façonne la terre et les hommes.

Dans ce décor austère, des brebis broutent sous la garde d’enfants à peine sortis de l’enfance, souvent livrés à eux-mêmes, privés d’école. Tous sont emmitouflés dans leur kobo, cette couverture épaisse et colorée qui fait bien plus que les protéger du froid : elle est un pan d’identité, un abri contre l’adversité. Leurs yeux racontent à eux seuls l’intensité d’une vie marquée par l’absence, plus de la moitié des enfants du Lesotho sont orphelins, victimes collatérales d’un taux de VIH parmi les plus élevés au monde.

Au détour des collines, quelques rondavelles émergent, huttes de pierre au toit de chaume, rustiques mais essentielles, qui offrent un abri précieux face à l’austérité du climat.

Ce pays, à la beauté rude et poignante, a laissé en moi une empreinte profonde. Le Lesotho ne m’a pas seulement ouvert ses portes ; il a alourdi mes bagages du poids de sa réalité, gravé dans mon cœur l’humilité et la force de ceux qui y vivent.