Oscillation des sentiments.
2 octobre 2024
Une petite larme.
19 octobre 2024
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19 octobre 2024

Je n’ai aucun mal à imaginer le contenu des chaines d’informations françaises, probablement impatientes d’assister en direct à un conflit généralisé entre Israël et le grand méchant Iran, pourvues sans doute de leurs armadas de « pseudos experts » en tout genre, comme au temps de l’opération américaine en Irak, nommée « Tempête du désert » qui donnait à suivre aux occidentaux un « feuilleton » minute par minute. Mais au cœur de cette soif d’images nauséabondes, il y a des gens, nombreux, qui n’aspirent qu’à une seule chose : la Paix !

D’ailleurs, depuis mon entrée en Iran, on ne m’a parlé qu’une seule fois de ces évènements. Les gens ne donnent vraiment pas l’impression de se préparer à un conflit, loin de là.

Je poursuis donc depuis plusieurs jours ma route vers le nord, toujours avec le vent de face. N’ayant pas trouvé de cartes routières et ne pouvant plus utiliser mon téléphone, je m’oriente dorénavant à partir de quelques noms dont j’ai pris note lors de ma dernière pause.

La routine de générosité se perpétue. Un automobiliste m’offre une boisson, un autres des fruits, un troisième ayant pitié de moi, me propose de me soulager en m’amenant où je souhaite faire étape. Je comprends rapidement ses doutes sur le bienfondé de mon entêtement à lutter contre Eole.

Au fil des heures, la respiration de la terre se fait plus vigoureuse. Apercevant un bosquet sur ma gauche, j’emprunte le chemin de terre qui y mène renonçant ainsi à poursuivre la bataille. Au milieu du bosquet se trouve une petite marre, malheureusement emplie de déchets, sans doute jetés par des gens venus piqueniquer.

Je plante ma tente, écris quelques lignes sur mon journal et commence à cuisiner alors que la nuit tombe rapidement. Trois véhicules apparaissent et deux hommes m’invitent à aller chez eux dans le village voisin. Mais je suis épuisé et je n’aspire qu’à avaler mes pates afin de m’enfouir dans mon duvet. De plus, je n’ai vraiment pas envie de replier tout mon barda, interrompre la cuisson de mes pâtes et surtout remonter sur le vélo en direction du village niché sur les hauteurs…je n’ai plus les jambes. Je refuse donc poliment l’invitation et aussitôt mangé, je m’endors ce soir sans petite séance de lecture.

Le lendemain je suis à nouveau ébahi par la gentillesse des Iraniens. Après avoir roulé une bonne quinzaine de kilomètres, un véhicule me klaxonne, me dépasse et s’arrête aussitôt. Un des homme d’hier soir m’apporte mon petit-déjeuner. Il me tend deux poches, l’une contenant du pain et des fruits puis l’autre une boisson énergisante et des viennoiseries. Il a donc fait plus de trente kilomètres aller-retour pour m’apporter cela. Que dire de plus face à de tels agissements qui font honneur à l’espèce humaine. Puissent de nombreux autres peuples s’inspirer de la générosité iranienne.

Je reçois ensuite ma première averse depuis des mois. Un petit détour me permet d’aller voir un site que j’avais repéré lors de ma dernière connexion : Badab Soort. Là, je suis transporté quelques années en arrière lors de mon passage dans le parc Yellowstone aux Etats-Unis. Certes, l’endroit est bien plus modeste mais je ne regrette nullement le petit détour. Dommage que le soleil n’ait pas daigné illuminer la visite. En revanche, j’ai dû pousser mon vélo sur les dernières centaines de mètres de mauvaise piste. L’inclinaison était trop prononcée pour moi.

Après avoir déambulé sur le site et réalisé quelques photos, je repars en sens inverse en quête d’un lieu de bivouac paisible.

Le lendemain, au terme d’une ascension, je me trouve sans transition au cœur de verdure et de forêts. Je ne peux m’empêcher de faire un tour dans un bois en quête de quelques champignons. Malheureusement je ne trouve que quelques spécimens non comestibles. Ce soir, ce sera donc pâtes natures au menu. Dans la vallée qui mène à Sari se succèdent de nombreuses petites rizières. Elles semblent dégouliner en suivant le cours d’une rivière.

Puis j’enchaine de bonnes étapes vers la mer Caspienne où je campe sur la plage proche de Mahmudabad. Depuis mon passage dans la ville de Sari, les constructions sont quasiment ininterrompues. J’ai l’impression de traverser une seule grande ville interminable.  

Alors que je pensais avoir trouvé une parade au blocage de mon téléphone, voilà que je ne peux plus partager ma connexion avec mon ordinateur. Ce que je croyais être une solution momentanée n’aura été que de très courte durée. Il n’est pas donc certain que je puisse communiquer avec vous avant mon entrée en Arménie, prochain pays de ce périple.