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28 octobre 2024
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En Arménie, ancienne république soviétique, et plus particulièrement à Meghri, j’appréhende donc une nouvelle culture.

Dès mon premier repas dans une gargote, je suis accosté par deux hommes un peu « lourdauds » du fait de leur consommation d’alcool bien avancée. J’avais oublié cela en Iran, où le thé me protégeait de tels contacts. En voyage, il est toujours délicat de gérer ces situations. Mais aujourd’hui, tout se passe bien car je m’éclipse dès le repas terminé, alors que les deux hommes poursuivent leur quête d’enivrement.

Le charme de Meghri, provient essentiellement de son emplacement. La petite bourgade nichée au bord de la rivière du même nom est entourée de montagnes protectrices. En arménien, Meghri veut dire miel, et la ville est réputée pour sa production. Les nombreux plaqueminiers, lourdement chargés des kakis orangés, et les grenadiers, colorent les multiples jardins de la petite ville.

Mon regard est attiré vers les hauteurs où se trouvent les maigres vestiges d’un vieux fort datant du Xe siècle.

Le matin où je m’apprête à quitter la cité, la pluie est au rendez-vous. Un motard allemand en direction d’Iran, m’annonce qu’il neige sur les hauteurs. Du coup, je retarde mon départ d’un jour afin de débuter mon parcours arménien dans de meilleures conditions.

Dès les premiers kilomètres, je ne cesse de monter. Mes jambes sont mises à rude épreuve. J’effectue quelques petites haltes pour me faire un café avec l’eau chaude de mon thermos. Le vent est glacial. L’étape ne sera pas longue car les jours raccourcissent et n’ayant pas débuté cette journée de bonne heure, le kilométrage demeurera modeste. Je plante ma tente sans trainer et avale une soupe chaude avant de me glisser dans mon duvet. Un peu avant le lever du jour je vérifie la température qui indique -6°. Il y a longtemps que je n’avais pas eu cela et ce n’est qu’un début. Il est clair que mon vieux duvet ne va plus remplir son œuvre. Lorsque je passe le col à 2535 mètres d’altitude, la neige est même au rendez-vous.

Après avoir transpiré dans les montées, je grelotte dans les descentes. L’humidité est pénible à supporter. D’ailleurs, durant les nuits qui suivent ma tente en est trempée.

Les maisons des villages traversés sont plutôt rustiques et nombre d’entre elles sont abandonnées. J’ai l’impression que le pays sommeille. Les vaches paissent en paix dans les pâturages. Je croise un cycliste anglais qui passe un mois en Arménie. Il me signale qu’il a été mordu par un chien. En ce qui me concerne, je suis chanceux car les seuls problèmes que j’ai avec les toutous, c’est plutôt qu’ils ne veulent plus me quitter. Peut-être aiment-ils la langue portugaise, car c’est celle que j’utilise lorsque je m’adresse à eux.

Je ne cesse de monter et descendre. Un coup je transpire et peu après je grelotte. J’arrive à Tatev, dans la grisaille. Je marque un temps d’arrêt au point de vue situé à l’entrée du village d’où on a une vision imprenable sur le fameux monastère situé en à-pic de la vallée.

Je décide de rester un peu à Tatev en attendant l’apparition du soleil qui me permettra de réaliser de meilleures photos. On me conseille de descendre dans la vallée du Vorotan où est niché le « Tatevi Anapat » (Grand ermitage de Tatev). Au terme d’une longue descente sur un petit sentier à travers les bois, j’atteins enfin cette merveille abandonnée. On y distingue les remparts, l’église et les cellules monastiques. La proximité du Vorotan permet d’en percevoir son doux murmure. Je suis très sensible à l’emplacement de cet ermitage, véritable petit paradis dans un écrin de verdure, protégé, tel un joyau par les montagnes environnantes.

Dommage que l’endroit soit inaccessible au vélo car je m’y serais bien installé pour quelques jours.

La journée de demain sera consacrée à mon « destrier » qui nécessite quelques « soins ». Vu le profil fortement accidenté de mes dernières étapes, je vais changer les patins de freins, effectuer quelques réglages, dévoiler ma roue arrière et lui faire également un brin de toilette.