Monastère de Noravank.
1 novembre 2024Refus de visa.
11 novembre 2024Le parcours accidenté de ces derniers jours entraine en alternance transpiration et frissons. Dès lors, mon thermos justifie l’importance que j’y attache. Quelques brefs arrêts me permettent en effet de me réchauffer à l’aide d’une boisson chaude. C’est souvent l’occasion d’attirer une compagnie canine en quête de nourriture, comme du côté de Vorotan, où une petite chienne vient recueillir quelques caresses agrémentées d’un morceau de pain. Puis celle-ci s’éloigne lentement, gémissant, tout en me fixant du regard, visiblement désireuse de me montrer quelque chose. Mon café terminé, je me dirige vers elle pour découvrir sa petite famille composée de sept adorables chiots. Les présentations faites, c’est un vrai déchirement que de laisser la petite famille à un avenir bien incertain.
Je descends un peu en altitude, ce qui me permet de gagner quelques degrés forts appréciables. Après un passage à 2300 mètres, donnant comme spectacle un paysage pelé et venteux, je me glisse dans de magnifiques canyons de la région de Vayots Dzor.
Sur le bord de la route quelques personnes vendent fruits, légumes, vins, vodka, le tout provenant de leur propre production. La grande majorité des petits fermiers sont quasi autonomes en nourriture. Cela leur assure des produits de qualités et donc une alimentation plus saine. Ces petites propriétés donnent l’impression d’une grande complicité entre terre et agriculteurs. Ces derniers respectent une terre qui en échange leur fournit de bons produits.
La splendeur de ces canyons et la limpidité de l’eau des rivières me fait regretter de ne pas passer ici en été, saison où les bivouacs doivent être en tous points paradisiaques.
A Vayk, une jeune femme me rappelle que l’Arménie ne cesse de souffrir de ses conflits avec les pays voisins que sont la Turquie et plus récemment avec l’Azerbaïdjan. Cette dernière guerre du Haut-Karabakh dont les combats ont fait plus de 6000 victimes a quasiment décimé une génération d’homme pour ce petit pays.
Un peu avant mon arrivée à Areni, j’emprunte un nouveau Canyon qui me mène jusqu’au splendide monastère de Noravank. Entouré de parois rocheuses de couleur rouge orangé, ce dernier en impose au voyageur. Certes, les derniers hectomètres nécessitent un effort accru, largement récompensé par la beauté du lieu.
Je reviens ensuite sur mes pas pour atteindre la commune voisine d’Areni où je reste le temps d’effectuer quelques visites dans les environs. J’y rencontre plusieurs jeunes russes venus, soit en vacances, soit s’étant installés dans le pays afin d’éviter une éventuelle mobilisation pour la guerre contre l’Ukraine. Je sympathise également avec un jeune couple en provenance de Hong Kong qui va s’installer au Canada dans les semaines à venir afin d’y débuter une nouvelle vie.
La région est productrice de vin mais également de vodka, boisson que de nombreux arméniens n’hésitent pas à « titiller » dès le petit-déjeuner. Je ne me risque pas à cette coutume au risque de perdre en stabilité.
Un soir, autour d’une table, une jeune arménienne nous offre un mini-concert avec sa guitare. Sa voix est porteuse d’une douce mélancolie totalement appropriée au décor qui nous entoure.
Sur les conseils d’habitants, je vais voir une sorte de barrage anti-inondations de Selavpah. Je découvre alors une structure de béton et d’acier d’une quarantaine de mètres de hauteur, visant à protéger de nombreux villages face aux grands risques de coulées de boue. Cette protection a été construite sous l’ère soviétique, entre 1975 et 1980. Je passe pas mal de temps à photographier cette structure pour le moins originale.
Mais cette région de Vayots Dzor est avant tout une région viticole. La plupart des fermiers produisent leur propre vin et quelques-uns le commercialisent. Proche d’Areni se trouve d’ailleurs une grotte rendue célèbre il y a quelques années, par la découverte d’une équipe internationale d’archéologues. Il s’agit en effet de la plus ancienne unité de production de vin datant de plus de 6 000 ans. Le moins que l’on puisse dire c’est que la viticulture arménienne est riche d’une très longue expérience.
Bien que les traces d’un vin datant de 4100 ans y aient été identifiées, je n’ai même pas eu droit a sa dégustation… sans doute pour préserver mon équilibre.