Mes dernières heures colombiennes.
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Quand une quarantaine en cache une autre !
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L’heure de prendre l’avion à destination de Lima au Pérou avait sonnée. Me voici à l’aéroport de Bogota où ma préoccupation vient de l’amende que je vais avoir à payer, vu ma situation illégale actuelle.

J’arrive au comptoir d’enregistrement des bagages, impatient d’ouvrir une nouvelle page de ce voyage. Tout à coup l’hôtesse s’exclame : « Le Pérou n’accepte pas les français » !  Je lui réponds aussitôt que les informations dont je dispose mentionnent qu’en étant sur le sol sud-américain depuis plus de 14 jours cela doit être possible. Elle appelle alors un responsable de l’immigration qui contacte les services péruviens. La réponse est négative, on me confirme en effet que je ne peux pas aller au Pérou.

Dès lors c’est un peu la panique. Je ne veux pas perdre l’argent du vol ce qui risque malheureusement d’être le cas. On me dirige vers le bureau de la compagnie aérienne. Là, afin de ne pas perdre ce billet, on me propose de prendre une correspondance pour le Chili.  L’immigration péruvienne m’autorise le transit, à condition de ne pas sortir de la zone internationale.

C’est donc allégé de 300 euros et toujours menacé d’une lourde amende que je vais voir l’immigration colombienne. Fort heureusement celle-ci ne sera payable qu’à mon éventuel retour en Colombie. Ouf ! C’est toujours ça de gagné !

Je décolle enfin. Au changement d’avion lors de l’escale de Lima, l’hôtesse m’oriente vers la classe « business ». Pour la première fois de ma vie je suis surclassé pour les trois heures de vol qui me séparent de Santiago…un autre monde.

Arrivé sur le sol chilien l’immigration m’informe de l’obligation d’effectuer dix jours de quarantaine malgré mon test covid négatif. N’ayant pas d’adresse à fournir et comme m’en avait averti ma voisine de vol, on m’informe que je vais être logé et nourri dans une résidence sanitaire.

Je vais donc récupérer mes bagages. Malheureusement ceux-ci n’ont pas suivis lors du changement d’avion à Lima.

La quarantaine débute difficilement dans la mesure où je ne dispose pas d’adaptateur pour les prises électriques chiliennes. Je ne peux donc pas charger la batterie de mon ordinateur ni celle  de ma liseuse.

Je passe donc trois jours à observer les murs de ma chambre. Heureusement la réceptionniste finit par m’en procurer un qui me permet de patienter plus agréablement.

Au cours de ces 3 jours j’ai tenté de regarder la télévision à deux reprises. Suffisamment pour me rendre compte du niveau anxiogène de l’actualité. La situation locale liée au covid parait désastreuse. On parle d’une quarantaine en vigueur pour toute la population de certaines villes. Santiago est menacée. J’espère vraiment avoir le temps de quitter la capitale avant cette probable mise en place.

Ma deuxième tentative sur la chaine info relate le démantèlement d’un campement sauvage sur un terrain de la capitale. Vision terrible de familles chiliennes ayant perdues leur emploi et du coup leur logement, qui tentent de sauver un matelas ou quelques vêtements. Certains sont totalement désemparés et disent se diriger sous un pont. Une femme vient d’amener ses deux enfants à l’école. A son retour, elle constate les dégâts. Ne pouvant rien récupérer de ses affaires, elle ne sait plus où aller avec ses enfants. Vision également de familles en provenance d’Haïti, du Pérou ou du Venezuela qui, dans cette évacuation, perdent le peu qu’il leur reste. On apprend que même dans ces baraquements improvisés, ils se faisaient racketter par la mafia locale et devaient payer un « loyer » à des hommes armés qui les menaçaient quotidiennement.

C’est sur cette vision que j’éteins la télé en me disant que mes petits soucis de quarantaine sont bien dérisoires et en espérant surtout que l’homme ne perde pas le peu d’Humanité qu’il lui reste encore.