Bonne Année 2022.
1 janvier 2022
Pédaler jusqu’en enfer.
12 janvier 2022
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Depuis mon départ de Posadas, je longe vers l’ouest, le fleuve Parana qui délimite la frontière entre Paraguay et Argentine.

Je me sens continûment captif dans une geôle de feu, tant les rayons de soleil m’enserrent sans pitié de ses étreintes brûlantes.

La fraîcheur apaisante nocturne espérée s’avère toute relative et nettement insuffisante à mon goût pour une récupération totale. J’ai le sentiment d’être toujours plus rongé par une fatigue persistante.

Seule l’aube m’est bénéfique et revitalisante. Mais au moment où je dormirais le mieux, je dois repartir, sous peine de « cuire » rapidement sur le bitume.

Le voyage est ainsi fait, tantôt trop froid, parfois trop chaud, le juste milieu n’est que trop rare, mais d’autant plus appréciable lorsque j’en bénéficie.

L’abstraction de ces difficultés demeure fort heureusement possible grâce à la présence de splendeurs disséminées sur le trajet qui permettent à l’esprit d’être happé par un lieu ou une rencontre, prenant aussitôt le dessus sur le corps et ses « peines ». C’est aussi toute cette « bataille » entre esprit et corps qui contribue à la beauté du voyage et à une meilleure connaissance de soi-même.

Combien de fois me dis-je : « ça en valait la peine » !

Ces derniers jours j’ai rencontré à plusieurs reprises Gilberto, un cycliste argentin néophyte, effectuant un pèlerinage. Mal à un genou, mal aux fesses, rongé par la chaleur et la soif…son parcours n’est pas de tout repos et à chaque rencontre, Gilberto me fait part de ses péripéties sans se départir de sa bonne humeur naturelle.

Puis soudain, j’aperçois un cycliste au chargement de voyageur. Il s’approche de moi et me lance : « Jacques » ? Une nouvelle fois, le côté déplorable de mon sens de la physionomie refait surface. Je ne le reconnais pas. Enfin, au fil des paroles, tout devient limpide. J’avais rencontré Cristian, cycliste espagnol, en 2017 au Canada. A ce moment-là, il roulait avec deux autres cyclistes « cueillis » sur la route. Il me raconte qu’il est descendu jusqu’à Ushuaïa, mais avec l’arrivée du covid et la fermeture des frontières, Cristian est retourné pendant 20 mois en Espagne. Depuis quelques temps il est de retour en Amérique du Sud afin de poursuivre sa montée vers le Brésil.

Retrouvailles improbables sur cette route qui longe le Parana et qui n’a rien de touristique. Loin des trajets généralement empruntés par les cyclo-voyageurs. Dommage que nous nous soyons croisés au milieu de nulle part, assommés par un soleil sans pitié.

Une fois de plus le voyage démontre que le monde n’est pas si grand que ça. C’est certainement pour cela qu’en quittant des gens avec lesquels j’ai partagé un bon moment, je suis toujours habité par le sentiment de pouvoir les revoir un jour…et parfois, cela arrive vraiment.

Lorsque j’arrive dans la ville de Résistencia, la chaleur étouffante a vidé les rues. De nombreux commerces sont fermés de 12h à 17h. et la ville s’anime vraiment à partir de 19h. Je suis tellement assommé par les degrés qu’en arrivant dans une chambre, je m’écroule sur le lit et ne me réveille que trois heures plus tard… Sieste bigrement nécessaire !

Tout en refaisant le plein d’énergie, je vais découvrir cette ville surnommée « Ciudad de las Esculturas » (ville des sculptures), tant le nombre d’œuvres exposées dans tous les coins de rues est impressionnant.

Un jour de repos supplémentaire et je repars cuire au soleil…