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Dès mon arrivée au Caire, j’ai instantanément réalisé que le bruit, la surpopulation et la pollution allaient vite m’être insupportables. Je tente cependant de me concentrer sur les belles choses que je vais y voir.
Comme à mon habitude, je dégote un hébergement bon marché dans un quartier populaire. Des ordures trainent attirant chiens et chats errants. Un matin alors que je vais prendre le métro voisin, j’aperçois même une famille qui dort sur un tas de détritus. Il m’arrive d’ailleurs fréquemment de trouver sur un trottoir des hommes ou même des enfants endormis, roulés dans une couverture crasseuse.
Les chiffonniers du Caire, vêtus de leurs guenilles trainent des sacs contenant leur collecte du jour. Une vie faite uniquement de souffrances et de privations.
Pour quitter le quartier, afin d’effectuer quelques démarches, j’emprunte le métro. Très pratique, celui-ci me jette à la figure un pan de notre société qui me devient de plus en plus exaspérante. En regardant autour de moi, je vois essentiellement des gens, le regard figé sur leur téléphone portable. Devant ce spectacle déprimant je me remémore la pensée de Cocteau : « Il est possible que le progrès soit le développement d’une erreur ».
Au milieu de cette grisaille émergent néanmoins quelques comportements qui font espérer à un sursaut de l’Humanité. Ainsi lorsqu’une personne âgée monte dans un wagon, aussitôt, une personne plus jeune se lève pour céder sa place. Il en est souvent de même lorsqu’une femme se présente. Les femmes disposent d’ailleurs de wagons qui leurs sont réservés. Puis il arrive aussi qu’un jeune veuille me céder sa place. Je prends ainsi immédiatement conscience de mon âge que j’ai tendance à oublier tout au long de ma vie Cyclonomade. Si je refuse poliment cette offre, j’en demeure néanmoins sensible.
En sortant du métro, le vacarme de la circulation chaotique agresse mes tympans. Traverser une rue s’avère toujours une véritable épreuve sportive. Comment font donc les personnes âgées ou handicapées pour changer de trottoir ? Il m’arrive même d’apercevoir un chien suicidaire se lancer dans le flot des véhicules. Parfois, devant la difficulté de la mission, il opère un sage demi-tour.
Je remarque beaucoup de femmes qui mendient. Certaines, assises devant un morceau de carton sur lequel se trouvent quelques paquets de kleenex, tentent de récolter quelques livres égyptiennes. Alors que je m’arrête pour en acheter deux paquets à une vieille femme, celle-ci veut mes les offrir. Je refuse car je lui achète justement pour l’aider un peu dans sa quête. Malgré le fait d’être démunie, cette vieille dame faisait preuve de générosité…quelle leçon !
Au Caire, je visite les Pyramides de Gizeh. Qui exercent toujours une fascination unique auprès des visiteurs du monde entier.
Arrivé tôt sur le site avant que ne déboule la cohorte de touristes, je peux me balader attentif à la moindre scène. Ainsi, j’observe un chien allongé sur un petit monticule, qui parait savourer d’être aux premières devant la Pyramide de Khephren.
A-t-il conscience de la richesse et la beauté exceptionnelle du lieu ? De longues minutes durant, je l’observe, amusé et apaisé à la fois, tant il me semble être loin de la ville voisine du Caire où le vacarme est incessant.
Je contemple des chameliers qui amènent leurs dromadaires pour proposer des promenades aux touristes qui ne vont pas tarder à arriver. Je suis admiratif de cette lenteur en totale harmonie avec le lieu dans lequel on se trouve. Alors que la planète suit le cours de ses saisons, l’homme quant à lui s’évertue continuellement à aller plus vite…
Pourquoi ?
La lenteur n’est-elle pas plus à l’unisson de notre planète ?
Les pyramides de Gizeh, vieilles d’approximativement 4500 ans, traversent les siècles, observant de loin les nouvelles constructions de l’Homme qui ne résisteront certainement pas très longtemps.
Les trois pyramides de Khéops, Khephren et Mykérinos qui paraissent protégées par le Sphinx, ne peuvent laisser le visiteur insensible. Je traîne sur le site, désireux de faire durer ce moment hors du temps.
Deux jours plus tard, je file visiter le nouveau Grand Musée d’Egypte, à ne pas confondre avec le fameux Musée Egyptien du Caire. Implanté à quelques pas des Pyramides, le Grand Musée d’Egypte n’ouvrira officiellement que le 3 juillet prochain. Il est cependant possible d’en visiter 80% depuis le mois d’octobre passé.
D’une architecture moderne et d’une conception originale, il s’avère surtout très pratique et merveilleusement adapté à la visite.
Mon séjour au Caire est également marqué par la réception d’une nouvelle roue en échange de celle achetée en Turquie, un peu trop fragile pour faire face aux pistes qui m’attendent durant les prochains mois.
J’ai en revanche beaucoup de mal à trouver une nouvelle batterie pour mon téléphone. Le modèle est quasi inexistant ici et ce n’est qu’au bout de plusieurs jours que je dégote l’objet tant espéré.
Parmi les démarches, il y a également la quête du visa soudanais. Je suis certes encore hésitant en raison de la guerre civile qui touche le pays, mais je dois avouer que l’envie de découvrir son peuple me titille chaque jour davantage. Le destin choisit finalement pour moi, car à l’ambassade le personnel m’informe qu’en raison de la situation totalement dégradée, aucun visa n’est pour l’instant délivré.
Difficile de savoir si je suis plus déçu ou simplement soulagé de ne pas avoir à choisir moi-même.
Le Soudan, pays en grande souffrance, me restera donc fermé.
Parmi les incontournables démarches il y a la prorogation de mon visa. Dans les bâtiments de l’immigration, la majorité des employés ne parlent pas l’anglais, ce qui ne facilite pas la quête d’informations, d’autant que certains employés, essentiellement des hommes, se montrent incorrects, agressifs et irrespectueux. L’agent qui prend mon passeport, ne me regarde pas. Il ne me parle qu’en arabe et me rend mes papiers sans faire l’effort d’une explication claire. A deux femmes, venant d’Afrique noire, il jette leur passeport accompagnant son geste de paroles malveillantes. Les pauvres femmes semblent désabusées, perdues et totalement déstabilisées par un tel comportement. En observant les autres guichets, je ne peux que déplorer quantité de comportements similaires. J’ai du mal à contenir une forte envie d’insulter l’agent. Devant ces agissements, je renonce et retourne boire des cafés dans « mon » quartier.
Le lendemain, je suis de retour dans ces bureaux inhospitaliers. Ayant rempli un formulaire récupéré la veille, je parviens finalement à trouver le bon étage pour effectuer ma demande. Je débourse 150 dollars pour disposer de six mois de séjour. Il est clair que je n’ai pas besoin de cette durée mais on ne m’a pas laissé le choix. Si ma demande est acceptée, je dois récupérer mon visa d’ici trois jours.
Venu en métro, j’effectue le retour à la marche en traversant le Caire historique. De nombreuses boutiques y sont fermées, mais il y règne une atmosphère agréable. J’y dégote un petit salon de thé où deux hommes fument le narguilé, plongés dans leurs pensées. Je profite de cet endroit paisible pour écrire quelques lignes sur mon carnet de route.
A quelques pas, les marchands de fruits et légumes racolent les passants.
Sorti du vieux quartier, j’entends une meute de chiens visiblement très énervés. Ils jappent agressivement. Puis je découvre amusé le motif de leur colère. Un camion poubelle collecte les détritus qui faisaient leur bonheur. J’imagine qu’une telle scène doit se renouveler à chaque passage des éboueurs qu’ils ne portent visiblement pas dans leur cœur.
Ces derniers jours, pour la première fois depuis que je parcours le monde, j’ai été allégé de 250 dollars qui se trouvaient dans une sacoche de mon vélo. Pourtant bien dissimulés, je les conservais pour faire face aux zones démunies de distributeurs bancaires. Il m’est parfois arrivé de ne pas pouvoir retirer d’argent et devoir donc me débrouiller pendant quelques jours sans possibilité d’achat. Dans ce cas il est probable que quelqu’un soit entré dans ma chambre. Ayant changé de logement au cours de mon séjour, il m’est impossible de savoir où cela s’est produit. C’était donc une première qui va me forcer à être beaucoup plus précautionneux.
Mon séjour au Caire prendra donc fin dans quelques jours. Si le mouvement me manque, c’est surtout un grand besoin de nature que je ressens.