Le mur Noir.
16 novembre 2024Nuit cinq étoiles.
19 novembre 2024Au fil des kilomètres qui m’éloignent momentanément d’Erevan, la capitale arménienne, les quelques 900 mètres d’altitude supplémentaires entrainent un dépouillement du paysage. Les herbes jaunies et séchées, y sont balayées par un vent glacial.
Arrivé au village de Fantan, j’emprunte un chemin de terre afin de m’approcher du volcan éteint de Gutanasar. Au bout de seulement 3 kilomètres, je me trouve face au « mur noir », lieu aussi surprenant qu’inattendu, au pied duquel je décide de passer la nuit. L’humidité pénétrante se fait rapidement sentir. Ce soir, je fais un petit feu à l’aide de plantes séchées qui sont hélas bien trop rapidement réduites en cendres sans avoir réellement pu me réchauffer.
Au cours des nuits froides, je place systématiquement mes vêtements dans mon sac de couchage afin de les attiédir avec la température de mon corps. Le plus difficile reste de s’extraire du duvet en pleine nuit pour aller satisfaire un besoin naturel. Il est cependant important de ne pas se retenir de manière à retrouver ensuite un bon sommeil récupérateur. Puis cela évite à l’organisme une dépense d’énergie inutile consacrée à chauffer une quantité de liquide plus ou moins importante. Même en sachant cela, affronter le froid nocturne est rarement une partie de plaisir. Parfois, la clarté d’un ciel étoilé s’avère une belle surprise, ce qui cette nuit n’est nullement le cas.
A cette saison, mes heures de pédalage sont moindres. J’attends souvent que le soleil, lorsqu’il y en a, vienne adoucir ma sortie du duvet et sécher un peu l’humidité de ma tente. Puis dans l’après-midi, j’installe mon bivouac relativement tôt car la nuit et sa froideur arrivent de bonne heure.
Ce matin, mon matelas est dégonflé ; gênant à cette saison. Je ne parviens pas à trouver la fuite pour le réparer.
Pour la première fois de mes années de voyage, je dois faire face à un chien très agressif. Passant devant une usine, le chien s’échappe au moment de mon passage. Je stoppe aussitôt et alors que je tiens mon vélo du côté opposé, l’animal, n’écoutant nullement les appels d’un homme qui sort, totalement affolé, ne trouve rien de mieux à faire que de mordre ma sacoche arrière et en déchirer un filet annexe. L’homme à beau crier, rien n’y fait. Je reste sur mes gardes lorsqu’enfin, au moment ou le chien tente de s’en prendre à la sacoche avant, un autre homme sort en courant et d’une seule parole se fait immédiatement obéir. L’espace de quelques minutes j’en avais oublié le froid. Peut-être ai-je trouvé là, une solution pour affronter l’hiver ?
Un peu plus loin, c’est tout l’inverse qui se produit lorsqu’un joyeux toutou, ne semble plus vouloir me quitter en me suivant sur quelques kilomètres, malgré mes tentatives bien trop timides de l’en décourager.
A Sevan, je reviens voir le monastère de Sevanavank et sa vue imprenable sur le lac. J’y prends quelques photos, probablement semblables à celles réalisées il y a douze ans, mais qu’importe. Je passe un moment avec deux couples de retraités espagnols en vacances dans le pays.
Je m’élance ensuite pour le tour du lac Sevan situé à 1900 mètres d’altitude. Après le lac Ourmia (Iran) et le lac de Van (Turquie), il s’agit là du troisième plus grand lac d’Asie.
Ses bords sont parsemés d’édifices abandonnés, datant pour l’essentiel de l’époque soviétique. Quel gâchis !
Je m’attarde un peu aux ruines de la forteresse Berdkunk, puis je file camper avec une vue unique sur le monastère de Hayravank qui domine le lac. Après une nouvelle nuit froide, je me décide finalement à acheter une couverture qui viendra j’espère combler les carences de mon duvet.
Je passe en route devant quelques stands de vente de poissons. Il ne s’agit souvent que d’un simple véhicule. Je m’arrête à l’un d’entre eux en même temps qu’une voiture. Alors que je contemple les poissons fumés, les autres hommes s’empressent d’aller à l’arrière pour déguster un poisson mais surtout pour s’enfiler cul sec quelques verres de vodka. Je refuse l’invitation car après le café, je ne suis pas certain de pouvoir supporter le breuvage. Le chauffeur repartira ainsi sur la route.
Cela explique probablement la conduite parfois surprenante des Arméniens.