Au fil de l’eau.
22 avril 2024Prédominance du vert.
7 mai 2024Quelques pies espiègles ricanent en me voyant monter ma tente. Elles ne sont d’ailleurs pas les seules puisque des pigeons s’immiscent à leur moquerie. Il est vrai que sous ce grand hangar j’ai plutôt triste mine en arrivant dégoulinant, au terme d’une journée de précipitations incessantes. J’étends mes vêtements de pluie en savourant le toit de ce bâtiment en cours de construction qui m’offre ce soir un abri inespéré et plus que bienvenu.
Je suis impressionné par l’activité industrielle de la région. Pendant plusieurs jours, je ne vois que de grands bâtiments, même dans des villages où je pensais trouver un côté bucolique malheureusement asphyxié par toutes ces constructions.
J’enchaîne les kilomètres attentifs aux nombreux véhicules qui circulent. Rares sont les petites routes épargnées. De nombreux cyclistes aux vélos sans le moindre gramme superflu me passent au même titre que de nombreux « électro-cyclistes ». Nombre d’entre eux parlent même au téléphone tout en pédalant. Quant à moi, j’avance en multipliant les arrêts pour étudier ma carte routière qui se déchire peu à peu à force d’être dépliée puis repliée.
Le propriétaire d’une boutique de cycles m’offre une cassette et une chaîne qui me serviront ultérieurement. Un peu plus loin, à Poggiano, on me paie bière, sandwich et un spritz, spécialité locale composée de vin blanc avec de l’eau gazeuse. Au moment de partir, Diego me convainc de visiter Palmanova, bourgade située à une vingtaine de kilomètres d’Udine.
Plusieurs de mes bivouacs ont pour cadre les vignes de la région. Je surprends une limace qui a élu domicile sur l’une de mes sacoches, à moins qu’elle ne soit montée en route et dans ce cas je devrais probablement m’inquiéter de ma moyenne kilométrique.
J’aperçois au loin des sommets enneigés mais pour l’heure je reste dans la plaine. Je franchis quelques rivières dont la limpidité de l’eau me propulse en Patagonie argentine, proche de la cordillère des Andes.
Dans les villages je ne vois essentiellement que des personnes âgées. Certaines, voyant mon harnachement, m’offrent un café tout en me questionnant. Je leur réponds en espagnol, plus ressemblant que le français.
Mon parcours italien touche à sa fin. Je passe finalement à Palmanova, commune-forteresse crée au XVIème siècle et classée en 2017 au patrimoine mondial de l’Unesco. Sa forme d’étoile à neuf branches inspira par la suite de nombreux architectes militaires.
Le temps d’un expresso proche de la place centrale et je me dirige vers Gorizia, ville frontalière avec la Slovénie, prochain pays de ce parcours…